Journée historique pour l’Alsace et la Moselle : reconnaissance des incorporés de force au cimetière allemand de Saldus, Lettonie

Ce 25 août 2025, une plaque commémorative a été apposée à l’entrée du cimetière militaire allemand de Saldus, en Lettonie, en hommage aux Alsaciens et Mosellans incorporés de force dans l’armée allemande pendant la Seconde Guerre mondiale. Pour la première fois, un tel geste de reconnaissance a lieu hors de France, à l’endroit où plusieurs centaines d’entre eux ont trouvé la mort, sans avoir jamais été véritablement honorés.

La date n’a pas été choisie au hasard. Le 25 août 1942, un décret nazi imposait l’enrôlement obligatoire des jeunes hommes d’Alsace et de Moselle dans les forces armées du IIIe Reich. Entre 1942 et 1945, 145 000 jeunes Français — hommes et femmes — ont été arrachés à leur région, souvent mineurs, pour être envoyés sous uniforme allemand sur différents fronts, dont 80% sur le front de l’Est, ou dans des structures auxiliaires. Près de 30 000 ne sont jamais revenus. Dans la seule poche de Courlande, ici en Lettonie, entre 1 500 et 2 000 sont tombés à quelques semaines de la fin des combats.

La plaque apposée à Saldus, trilingue — letton, français, allemand — porte des mots simples, mais essentiels : « Dans ce cimetière militaire allemand sont inhumés également des combattants français originaires d’Alsace et de Moselle incorporés de force dans les armées allemandes. » Cette reconnaissance était attendue depuis plus de 80 ans. Elle devient aujourd’hui réalité.

Cet hommage s’inscrit dans le sillage des paroles fortes prononcées par le Président Emmanuel Macron à Strasbourg en novembre 2024, qualifiant l’incorporation de force de crime de guerre, appelant à la nommer, à la reconnaître et à l’enseigner. La cérémonie de Saldus fait écho à cet engagement national. Elle met un terme à des décennies de silence, de soupçon et parfois d’injustice vécues par les familles.

Car cette journée fut d’abord celle des proches. Certains ont fait le voyage depuis l’Alsace ou la Moselle, portant des lettres, des photographies, des mots d’adieu précieusement gardés. D’autres n’ont pu venir mais étaient présents par la pensée. Tous ont vécu ce moment historique comme un rendez-vous intime, solennel, bouleversant. Un père, un grand-père, un frère… enfin reconnu.

Cette plaque à Saldus n’est que la première. Grâce au Souvenir Français et à l’engagement fort de son Président général M. Serge Barcellini que je remercie pleinement, d’autres seront posées, dans d’autres pays, là où reposent d’autres incorporés de force. La prochaine sera inaugurée en Arménie en octobre prochain. À chaque fois, il s’agira de poser une pierre de mémoire, là où l’Histoire les avait effacés.

 

À Saldus, ce 25 août, Français, Lettons et Allemands se sont retrouvés sur fond de l’hymne européen non pas pour rouvrir les plaies, mais pour affirmer ensemble que ces morts méritaient enfin d’être nommés, honorés, et rendus à la mémoire commune. Ils étaient français. Et aujourd’hui, ils sont enfin reconnus comme tels. 

 

Brigitte KLINKERT 

Ancienne ministre

Députée du Haut-Rhin