Dialogue franco-allemand: Brigitte Klinkert à la manoeuvre
Emmanuel DELAHAYE, publié Mardi 11 Avr. 2023
Voici cinq mois que Brigitte Klinkert, députée (Renaissance) du Haut-Rhin, a été élue co-présidente du bureau de l’Assemblée parlementaire franco-allemande. Une institution méconnue, mais où cette Européenne convaincue entend continuer d’œuvrer au rapprochement des deux pays.
Cinq mois tout juste que Brigitte Klinkert a été élue à la co-présidence du bureau de l’Assemblée parlementaire franco-allemande (Apfa), au côté de son homologue d’outre-Rhin Nils Schmid (SPD). L’événement s’est tenu le 7 novembre à Berlin, sous l’égide de deux autres présidentes, Yaël Braun-Pivet (Assemblée nationale) et Bärbel Bas (Bundestag). Voilà qui signale d’emblée la nature unique de l’Apfa : née du traité d’Aix-la-Chapelle de 2019, elle constitue à ce jour la seule assemblée parlementaire binationale au monde, composée de 100 députés (50 français, 50 allemands), répartis à la proportionnelle des groupes politiques. Autant dire que l’Apfa ne pouvait que parler à Brigitte Klinkert, elle, l’Européenne de toujours, pétrie du souci de réconciliation, de dialogue et de coopération franco-allemands, autant par conviction politique que par tradition familiale – son grand-père Joseph Rey, ancien maire de Colmar, fut en la matière un précurseur.
Des échanges « en toute franchise et transparence »
Lancez-la sur le sujet, la chair de poule la saisit presque aussitôt. Et puisque l’Apfa existe, il semblait écrit que Brigitte Klinkert y siégerait un jour. Reste à savoir pour y faire quoi. La députée (Renaissance) de la 1re circonscription du Haut-Rhin le sait bien : outre qu’elle demeure assez méconnue, l’Apfa, vue de l’extérieur, peut vite passer pour un « machin » diplomatique de plus, né d’une belle idée mais dépourvu de moyens financiers comme de pouvoir politique réel. En d’autres termes, un cénacle sympathique mais essentiellement apte à produire de doctes rapports, vite remisés sur de hautes étagères, de part et d’autre du Rhin… Faux, assure l’intéressée. Sinon, pourquoi diable aurait-elle souhaité s’y investir ?
Outre qu’ils se parlent « en toute franchise et toute transparence » – les sujets de friction n’ont pas manqué entre les deux pays ces derniers mois… –, les membres de l’Apfa, tous bords confondus, partagent le souci d’approfondir la coopération franco-allemande. Tous bords confondus, ou presque : « Clairement, les quelques députés de l’AfD [ Alternative für Deutschland, parti d’extrême-droite europhobe et populiste] présents dans nos rangs sont juste là pour tenter d’entraver nos travaux, ou du moins les ralentir… », glisse la co-présidente.
Elle insiste cependant : « Les membres de l’Apfa sont tous parlementaires. Ils peuvent donc légiférer. Depuis que je co-préside le bureau, deux groupes de travail ont été créés, l’un à propos de l’avenir de l’Europe – ce qui peut sembler très large –, l’autre au sujet de la souveraineté énergétique. Ces deux groupes organisent leurs travaux comme ils le souhaitent, mais ils rendront leurs premières conclusions début 2024 et l’objectif est clair : il s’agit de déboucher sur des propositions concrètes. Soit des textes de loi qui seront soumis dans des termes identiques aux deux parlements nationaux. »
Prochaine séance plénière à Strasbourg
Un autre groupe de travail est d’ores et déjà « dans les tuyaux ». Son intitulé précis reste à fixer, mais on sait déjà qu’il portera sur les enjeux de défense et de sécurité – l’invasion russe de l’Ukraine est passée par là –, et qu’il devrait être installé lors de la prochaine séance plénière de l’Apfa, prévue le 22 mai. Une plénière dont Brigitte Klinkert a obtenu qu’elle se tienne à Strasbourg, dans l’enceinte du Parlement européen.
Encourager l'apprentissage de "la langue du voisin"
D’autres groupes de travail suivront, à la mesure des moyens humains – mesurés – de l’Apfa. Pour l’heure, ses membres se soucient « à bas bruit » d’harmoniser la transposition des directives européennes dans les deux pays et d’y encourager aussi l’apprentissage de « la langue du voisin ». Les ministres français et allemand de l’Éducation doivent être auditionnés à ce sujet l’automne prochain, « mais j’ai prévu de soumettre le texte d’une recommandation officielle à ce sujet dès notre prochaine plénière », glisse la députée colmarienne.
Une "recommandation", au moins une, qui a peu de risque de terminer sur une étagère, compte tenu de l'opiniâtreté de son auteure.